Une stratégie économique mondiale

Alibaba est plus qu’une entreprise, elle est aussi un acteur et un vecteur de la stratégie d’influence numérique – et plus largement économique – chinoise à l’échelle mondiale1. Pékin contrôle étroitement son économie et ses entreprises, et c’est encore plus le cas pour des entreprises aussi stratégiques qu’Alibaba dans la course à la supériorité économique et technologique mondiale. Dès son origine, Alibaba a ainsi bénéficié du soutien et de la protection de l’État chinois2 et à l’heure actuelle, il s’agit d’un des principaux bénéficiaires du volet numérique des « nouvelles routes de la soie »3, ce projet d’investissements pharaonique destiné à renforcer les liens commerciaux entre la Chine et le reste du monde4.

En retour, la Chine peut ainsi bénéficier de la puissance économique et technologique de son champion pour consolider sa position à l’échelle internationale, notamment vis-à-vis des États-Unis avec lesquels elle se dispute la place de première puissance numérique et économique mondiale. C’est d’autant plus le cas que le fondateur et ex-dirigeant du groupe est lui-même membre du PCC, tout comme plus de 7000 des employés du groupe5.

Le « soft power » chinois

Alibaba est également un acteur clé du « soft power » chinois, notamment en raison de l’activisme diplomatique de Jack Ma. Présent dans de nombreuses instances internationales (ONU, G20, WEF, etc.), ce dernier y défend en effet une vision et un programme pour l’économie numérique étroitement alignés avec le discours et les intérêts du gouvernement chinois 6. C’est particulièrement le cas de son initiative de promotion du commerce électronique, « eWTP », dont la Belgique est devenue le premier membre européen.

Avec cet accord, dans lequel s’inscrit l’arrivée d’Alibaba à Liège, la Belgique devient ainsi un pion central, non seulement dans la stratégie de déploiement mondial de la compagnie, mais aussi, plus largement, du gouvernement chinois. Au-delà des craintes socio-économiques et environnementales que suscitent le projet, il y a donc aussi de vraies questions à poser en termes de dépendance et de souveraineté.

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  1. https://s3-ap-southeast-2.amazonaws.com/ad-aspi/2019-04/Mapping%20China%27s%20technology%20giants_0.pdf?7vlh1czMW3qCwhg1BgZEu_V8B3aGAZFS
  2. S. Franco & C. Leterme (2019), « La Belgique sur l’échiquier mondial d’Alibaba », GRESEA.
  3. S. Franco & C. Leterme (2019), « La Belgique sur l’échiquier mondial d’Alibaba », GRESEA.
  4. http://gresea.be/Volet-2-Les-nouvelles-routes-de-la-soie-le-cauchemar-de-Brzezinski-passe-par-l
  5. https://chinatechmap.aspi.org.au/#/company/alibaba
  6. Maximiliano Facundo Vila Seoane (2019), « Alibaba’s discourse for the digital Silk Road : the electronic World Trade Platform and “inclusive globalization”« , Chinese Journal of Communication.
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